Définition gogol

Le mot gogol possède deux significations radicalement différentes selon le contexte dans lequel il est employé. Dans le langage familier, c’est une insulte péjorative et blessante, souvent utilisée pour se moquer d’une personne jugée stupide ou "différente". Mais dans un tout autre registre, gogol désigne également un nombre colossal : un 1 suivi de 100 zéros, utilisé en mathématiques pour illustrer l’infini de façon concrète.

Commençons par ce sens positif et surprenant. En mathématiques, un gogol (ou googol en anglais) est un nombre extrêmement grand : 10¹⁰⁰, c’est-à-dire un 1 suivi de 100 zéros. Ce mot a été inventé en 1938 par un mathématicien américain, Edward Kasner, à la demande de son jeune neveu de 9 ans, qui proposa ce nom amusant pour désigner une quantité presque inimaginable. Le terme est devenu célèbre et a traversé les générations.

Ce gogol mathématique a ensuite inspiré le nom du moteur de recherche bien connu : Google. Les fondateurs, en choisissant ce nom (avec une légère faute d’orthographe volontaire), voulaient symboliser la capacité de leur moteur à traiter une immense quantité d’informations. Un joli clin d’œil à l’univers des mathématiques, à mille lieues du sens péjoratif que le mot peut aussi prendre.

Car dans un registre tout à fait différent, gogol est aussi une insulte encore utilisée dans le langage familier. Elle sert à moquer quelqu’un considéré comme "bête", "lent" ou "à côté de la plaque", souvent sans mesure ni bienveillance. L’usage de ce mot trouve son origine dans une déformation du mot « mongol », lui-même abusivement associé aux personnes atteintes de trisomie 21. Ce glissement linguistique a mené à des expressions stigmatisantes, dont gogol fait malheureusement partie.

Ce mot a longtemps circulé dans les cours d’école, les discussions entre adolescents, ou même dans certains dialogues populaires, sans que l’on mesure toujours la violence qu’il véhicule. Utiliser gogol comme insulte, c’est perpétuer une vision fausse et dégradante du handicap mental. C’est aussi entretenir une culture du mépris envers ceux qui ne rentrent pas dans les normes sociales établies.

Aujourd’hui, les mentalités évoluent, et l’emploi de mots comme gogol dans un sens injurieux est de plus en plus remis en question. À l’école, dans les médias ou au travail, la sensibilisation progresse. Ce n’est pas seulement une question de vocabulaire, mais de respect : comprendre qu’un mot peut blesser profondément, même s’il semble anodin à première vue.

Dans certains cas, gogol est encore utilisé sur un ton "blagueur" entre amis, dans un esprit d’autodérision ou de moquerie légère. Mais même dans ce cadre, il faut rester conscient de ses origines et du malaise qu’il peut provoquer chez d’autres. Un mot ne perd pas sa charge historique simplement parce qu’on l’utilise dans un contexte plus détendu.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que ces deux sens du mot gogol coexistent sans jamais se croiser : d’un côté, un nombre gigantesque qui fascine les esprits curieux ; de l’autre, une insulte banale et violente qui traverse les conversations de manière insidieuse. Ce contraste souligne l’importance du contexte, mais aussi notre responsabilité dans le choix des mots.

En résumé, gogol peut désigner un chiffre démesuré issu des mathématiques, à l’origine du nom Google, ou bien une insulte stigmatisante issue d’un vieux préjugé. Deux sens, deux univers, deux visions du monde. L’un invite à la démesure joyeuse, l’autre à la prudence et au respect. Il appartient à chacun de faire la différence.