Définition zaïre

Citations Synonymes Définition
Zaïre (Nom commun)
[za.iʁ] / Masculin
  • Unité monétaire utilisée de 1967 à 1993, introduite en 1967 en République démocratique du Congo (remplaçant le franc congolais) jusqu’en 1993 (remplacée à son tour par le nouveau zaïre). Le zaïre se divisait en 100 makuta et 10 000 sengi. Le symbole était Z ou Ƶ, le code ISO 4217 ZRZ.
Informations complémentaires

Le Zaïre était le nom officiel de l’actuelle République démocratique du Congo entre 1971 et 1997, sous la présidence de Mobutu Sese Seko. Ce changement de nom faisait partie d’une politique plus large de "zaïrianisation", une doctrine nationaliste visant à effacer les traces coloniales et à affirmer une identité propre au pays. Le terme "Zaïre" vient d’une déformation du mot "Nzere" ou "Nzadi", qui signifie "grande rivière" en kikongo, en référence au fleuve Congo.

La période du Zaïre a été marquée par un régime autoritaire et centralisé, dirigé par Mobutu, qui a instauré un État à parti unique et une politique de culte de la personnalité. Mobutu se faisait appeler "le Guide" et imposait des règles strictes comme l’obligation pour tous les citoyens de porter des noms africains et d’abandonner les prénoms d’origine européenne. Il a également interdit les vêtements occidentaux et imposé l’abacost, un costume sans cravate censé symboliser la rupture avec les influences coloniales.

L’économie du Zaïre a connu des périodes de prospérité et de déclin. Dans les premières années du régime, Mobutu a bénéficié du soutien des pays occidentaux, notamment des États-Unis et de la Belgique, en raison de la guerre froide, car son régime anticommuniste servait de rempart contre l’influence soviétique en Afrique. Le pays, riche en ressources naturelles, notamment en cuivre, en diamants et en cobalt, a vu son économie croître temporairement. Cependant, la mauvaise gestion, la corruption massive et les détournements de fonds ont rapidement plongé le Zaïre dans une crise économique profonde.

La politique de zaïrianisation a aggravé la situation économique. Mobutu a ordonné la nationalisation des entreprises étrangères, confiant leur gestion à des membres de l’élite zaïroise qui n’avaient souvent ni les compétences ni l’expérience nécessaires. Cela a entraîné un effondrement de la production et des services, accentuant la pauvreté et la dépendance du pays aux aides internationales. Les infrastructures ont été laissées à l’abandon, et les fonctionnaires n’étaient plus payés, ce qui a contribué à la généralisation de la corruption et des trafics en tout genre.

Sur le plan politique, Mobutu a instauré un régime dictatorial, où toute opposition était réprimée par les services de sécurité. Les opposants politiques étaient arrêtés, exilés ou exécutés, et le Mouvement populaire de la Révolution (MPR), le parti unique, contrôlait tous les aspects de la vie publique. La propagande glorifiait Mobutu comme un père de la nation, et toute critique à son égard était considérée comme un acte de trahison. Cette situation a conduit à un climat de peur et de mécontentement croissant au sein de la population.

Dans les années 1990, le Zaïre est entré dans une phase d’instabilité politique et sociale. La fin de la guerre froide a conduit les puissances occidentales à réduire leur soutien à Mobutu, qui était désormais perçu comme un dictateur corrompu. Les tensions ethniques et les conflits régionaux se sont intensifiés, notamment avec l’afflux de réfugiés rwandais après le génocide de 1994. Ces événements ont déstabilisé encore plus le pays et ont conduit à l’éclatement des guerres du Congo, impliquant plusieurs pays africains et de nombreux groupes armés.

En 1997, Mobutu a été renversé par une rébellion dirigée par Laurent-Désiré Kabila, soutenue par l’Ouganda et le Rwanda. Ce soulèvement, connu sous le nom de Première guerre du Congo, a conduit à la fuite de Mobutu vers le Maroc, où il est décédé peu après. Le pays a été rebaptisé République démocratique du Congo, abandonnant ainsi le nom de Zaïre et mettant fin à une époque marquée par la dictature et le pillage des richesses nationales.

Le bilan de la période du Zaïre reste très controversé. Certains considèrent que Mobutu a réussi à maintenir l’unité du pays pendant plusieurs décennies, évitant une fragmentation qui aurait pu conduire à un chaos plus grand encore. D’autres, en revanche, estiment que son régime a laissé le pays dans un état de ruine économique et sociale, avec une corruption généralisée et une dette colossale. Son héritage continue d’influencer la politique congolaise, où les défis liés à la gouvernance et à la stabilité persistent.

Aujourd’hui, le nom de Zaïre est encore présent dans la mémoire collective, mais il est souvent associé aux années de dictature et de crise économique. Bien que la République démocratique du Congo ait tourné la page de cette période, elle continue de faire face aux conséquences des décennies de mauvaise gestion et de conflits qui ont suivi la chute de Mobutu. L’histoire du Zaïre demeure un exemple emblématique des dynamiques de pouvoir, de néocolonialisme et des enjeux politiques en Afrique post-indépendance.